Les enseignants d’Éthique et culture religieuse (ÉCR) ont-ils le droit de proposer des activités d’apprentissage qui mènent les élèves à porter un regard critique sur les traditions religieuses étudiées en classe? Les réponses à cette question peuvent se diviser entre deux écoles de pensée principales. Selon une perspective, pour des raisons épistémologiques, pédagogiques et juridiques, les enseignants d’ÉCR se doivent de créer un lieu d’apprentissage qui privilégie la compréhension du phénomène religieux et évite scrupuleusement la critique (ex. Leroux 2016). À l’opposé, certains estiment que la pensée critique à l’égard des religions est permissible voire un élément essentiel dans l’enseignement d’ÉCR, mais que, pour des raisons structurelles et idéologiques, le cours tend vers une représentation excessivement généreuse des pratiques, croyances et récits religieux (ex. Conseil du statut de la femme 2016). Dans cette communication, nous tenterons une réponse à partir de l’analyse d’une étude de cas du traitement dans un cours d’ÉCR d’attitudes misogynes, sexistes et patriarcales incarnées dans certaines croyances et pratiques religieuses et textes sacrés que nous examinons à lumière des prescriptions officielles sur la posture d’impartialité préconisée en ÉCR, les finalités et les compétences du programme, et l’articulation entre ses trois volets pédagogiques.