Il se joue actuellement en France une lutte dans le champ des sciences portant sur l’éducation. Un certain nombre de recherches, motivées par un principe d’efficacité, versent dans l’expertise, en se mettant au service de la décision politique. Elles contribuent à façonner le métier d’enseignant, à orienter les décisions. Ces recherches ne prennent cependant que très peu en compte le vécu des enseignants, les réalités qu’ils vivent quotidiennement et le sens qu’ils donnent à leur travail. A l’opposé de ces recherches, des chercheurs revendiquent une démarche plus compréhensive, partant de leurs aspirations et de leurs besoins. Si ces deux types de recherche ont leur place dans le champ des sciences portant sur l’éducation, du fait de leur complémentarité, l’usage qui en est fait par les acteurs politiques révèle la manière dont l’autonomie d’une profession est prise en compte. Un usage massif des premières recherches traduise - ou conduise à - des orientations politiques visant principalement le contrôle des enseignants. Un recours aux secondes recherches témoignerait davantage du souci de leur autonomie, du sens qu’ils donnent à leur travail. Probablement la prise en compte de ces dimensions, notamment de celle du sens, témoigne-t-elle d’un réel souci du bien être ?